DES TRAM(E)S POTAGÈRES – Mais qu'est-ce donc qu'un espace public ?

Croisons-nous au travers des (agri)cultures

Julie ANNE, Nowé LETERRIER-SANTONI, Edenne PLUNIAN, Stella POSTNIKOFF, Camille RIGAUDON, Anaëlle ROCABOY

TEXTE MANIFESTE

Mon rez-de-chaussée a muté. Les bottes autrefois hermétiques de mon immeuble se retrouvent les pieds dans la terre, elles accueillent désormais les usages collectifs dans leurs interstices. Des potagers ont poussé. Ont émergé de drôles d’objets. Carrés, parfois aérés et parfois fermés. Cohabiter et s’hybrider. Un même motif, un cube, devient parasol, parapluie, table, chaise, cabane de jardin ou espace d’appropriation. Les usages sont mêlés et ces objets sont devenus des repères au travers des cultures. Ils guident et orientent, mettent en avant les axes et les chemins de traverse.

Une sonnette retentit au loin. Un sourire. Je pense aux nouveaux voyageurs de mon tramway : courgettes, farine, œufs… Espace de mise en commun des produits agricoles, le tramway se déplace au fil des rails et s’arrête pour partager sa cargaison. Je retrouve mes amis, au détour des semis ou des radis. Illimité, notre terrain de jeux n’a rien d’anodin. On y apprend, on y mange, on y fait son sport, on y fait des courses, on y fait des rencontres.

Mon toit s’est couvert d’un couvre-chef. Parfois bonnet, parfois casquette, il est devenu mon jardin productif, mon grenier des sens. Mes pieds foulent les feuilles tombées des potagers, l’odeur du linge s’échappe des files à linge, j’observe le paysage. J’ai appris à prendre le temps, à suivre le rythme de saisons sous mes fenêtres. La transhumance des troupeaux sur le chemin de mon école, les entractes festives à deux pas de chez moi, le marché tout au long de la semaine, tout s’hybride et infuse ceux qui l’entourent. Mon quartier a éclos, s’est coloré à l’image des murs de ma maison. Il est devenu le potager fertile, l’espace ressource, un cœur de ville.

LES INTENTIONS

Plan schématique : Les zones et différentes ambiances du parc potager

Les trams Naomarché

Les serres et les potagers

Les Rez-de-Chaussée

LE PHASAGE DU PROJET

Les pieds d’immeubles se libèrent de l’emprise de la voiture par la mise en place de parking relais en périphérie de la ville. Cela permet notamment la désartificialisation progressive des sols, laissant place à la nature. De cette manière, les piétons reprennent place au cœur de la ville. Des axes de circulation pour les vélos sont également privilégiés.

Quand la production devient assez importante, on commence à exporter fruits et légumes, et ce, par le tram. Il devient tram-marché, s’arrêtant quelques heures sur certains arrêts de la ville. Les rails permettent aussi de rejoindre d’autres pôles potentiels de production dans la ville créant une toile nourricière locale.

Après des études de sol et des filières de terres cultivables, la mise en culture progressive des terres peut débuter. Un phasage est aussi envisagé afin de tester ce modèle d’agriculture sur 1/3 de la surface, puis 2/3, pour atteindre la totalité de la surface disponible. La permaculture et les vergers commencent à pousser, dessinant progressivement de nouveaux chemins de balade.

Les rez-de-chaussée, aujourd’hui occupés par des caves, deviennent commun. Nouveaux usages publics, passages et locaux vélos, pour les immeubles, prennent place en rez-de-jardin. Café, cantine, épicerie, bibliothèque, micro-crèche activent la zone, le tout dans une dynamique coopérative. Deux espaces d’insertion professionnelle gèrent les cultures.

Une réflexion concernant la surélévation des bâtiments est à mener, à la fois pour la production, mais aussi pour proposer une nouvelle offre de logements. De cette manière, on densifie la ville sans artificialiser. Aussi, la mise en place d’une culture verticale en toiture permet de multiplier par 6 la surface de productions potagères.