LE VIVANT EN PROGRESSION

Anaïs BLANCHARD, Emma BREMOND, Emma GUINAUDEAU, Massimo SCALFARO, Jade VANDEBEUQUE

Aujourd’hui, le quartier qui se développe autour de l’arrêt de tramway Du Chaffault, est un quartier ponctué d’établissements liés par le care, c’est-à-dire le soin, la volonté de préserver, de ménager. Par la présence du Collège Chantenay, le foyer de jeunes travailleurs, l’association pour jeunes handicapés, ou encore l’EHPAD Les Hauts de Saint-Aignan, différentes générations viennent cohabiter dans le quartier, en se croisant, sans se rencontrer. Le boulevard René Coty vient diviser le quartier en deux le rendant bruyant, dangereux et inconfortable. Chaque usager emprunte son itinéraire personnel, et arpente le quartier de son côté. Le manque d’espace public libre et confortable en comparaison avec la grande surface du boulevard vient appuyer l’écrasante dominance des circulations automobiles. Venant relayer les circulations douces en périphéries au pied des bâtiments. On remarque aussi dans ce quartier la faible présence de la végétation, à peine remarquable, elle habille les bordures du boulevard et les petits chemins devant les plots d’habitation. Le square Pilleux, lui, est aujourd’hui un espace de passage et non d’arrêt.

Le square Pilleux structure le quartier et forme un espace public végétalisé vaste. Souvent traversé, il est pourtant peu utilisé comme un espace d’appropriation et d’arrêt. En recul face au boulevard, la végétation pourrait servir de seuil isolant cet espace pour ajouter des qualités à cet espace et de nouveaux usages seraient bénéfiques pour apporter animation et dynamisme. Il deviendrait ainsi un lieu de rassemblement à l’échelle du secteur.

Le collège est occupé en journée durant la semaine et par une population jeune. Ces collégiens sont actifs dans le quartier et occupent les espaces environnant l’établissement autour des temporalités de cours. Cette animation pourrait permettre une convivialité intergénérationnelle et qui pourrait prendre place dans les espaces publics vacants du quartier. De plus, le CDI du collège est axé sur le cœur convergent, il pourrait ainsi s’ouvrir pour devenir un de ces espaces d’hospitalité.

L’espace central du quartier est ponctué de différents usagers qui dénotent des habitants des quartiers résidentiels. En effet, la présence de l’Ehpad, du collège mais aussi du foyer pour les jeunes de travailleurs ainsi que de l’association pour les adultes et jeunes handicapés, amènent une vraie diversité d’usagers, liés autour d’établissements de carte. Cette multiplicité habitante paraît intéressante pour instaurer des moments et des espaces de partage au sein du quartier.

La place de l’arrêt de tramway est entourée de porosités et le bâtiment de l’Ihp vient en contradiction enclaver l’espace de sa façade très fermée. Aujourd’hui privé, il pourrait être ouvert et devenir un espace public central du quartier, comme un carrefour manifeste du projet que les passants ou habitants investissent pour l’attente et la rencontre.

L’Ehpad est un établissement qui représente un pilier dans le domaine du soin au sein du quartier. Il donne sur le square Pilleux mais est plutôt axé sur l’intérieur de cet ensemble. Un échange direct avec ce square et un espace plus ouvert pourrait permettre un mouvement d’animations de quartier et de partage transgénérationnel entre les différents habitants.

L’arrêt de tramway est un espace central mais dont les aménagements ne sont tournés que vers son intérieur. L’arrêt non hospitalier est donc un espace de convergence de mobilités et des usagers mais il n’est pas en rapport avec son environnement. L’intérêt de cet espace serait donc de créer une centralité accueillante permettant un espace d’attente et de rencontre. De plus, les lignes de tramway et le boulevard forment une frontière qu’il faudrait rendre franchissable plus facilement.

ALLER PLUS LOIN…

Notre travail s’est basé sur l’analyse initiale de ce cadran Faite par des camarades et que vous pouvez retrouver ici:

Et si une forêt urbaine venait comme une masse s’implanter dans la quartier, reprenant ses droits sur une ville depuis longtemps trop minérale ? Est ce que les habitants pourraient arpenter un quartier où le care, le soin viendrait envahir l’extérieur ? Le sol récupérerait son caractère vivant, et ce en partant d’une initiative habitante, reliant les habitants autour d’un projet commun pour leur quartier. Alors les circulations douces seraient le meilleur moyen d’ arpenter cette forêt urbaine pour circuler entre les différentes entités habitées qui rythment et créent la surprise au sein de cette forêt urbaine.

Ce projet se décline en plusieurs étapes qui impliquent différents acteurs. Tout d’abord on commence par des importants travaux notamment de voirie réalisés par des professionnels pour entamer le processus et donner une impulsion de changement de quartier et surtout offrir de l’espace libre public. C’est ensuite que le projet participatif démarre, ce qui est aujourd’hui l’IHP devient le cœur du projet. On s’y réunit, on débat, on choisit, on stocke le matériel. Ensuite les plantations démarrent, l’espace urbain public devient un jardin géant, réunissant les habitants autour d’un objectif commun, renverser les anciens codes du boulevard, du quartier.

En plantant des arbres, on prend soin de laisser des espaces de réserve aux endroits stratégiques ou spontanés, puis on viendra choisir quels usages peuvent venir s’y installer entre différents modules, une guinguette, une aire de jeu, un temps calme. Alors, au fur et à mesure, les habitants viennent recréer une identité forte pour leur quartier qui devient forêt urbaine, en installant des passages rehaussés pour préserver le sol vivant. Une fois qu’une zone est transformée, on l’habite, on l’arpente. Et ensuite on peut répéter le processus dans un nouvel endroit dans la ville.

Travaux de réaménagement de la voirie :

– Destruction du bitume en surface, récupération des débris pour la surélévation de la voie automobile et pour faire une place en mosaïque pour l’arrêt de tramway plus tard.

– Construction de la structure du pont de la place des sens.

Travaux de réhabilitation de l’IHP :

Des gradins sont installés dans le rez-de-chaussée ouvert, cela devient un espace central de pause et d’attente.

Requalification des sols :

– Peinture des débris de goudron pour créer une place en mosaïque.

– Mise en œuvre de la structure poteau poutre de l’arrêt de tram.

– Création du passage réhaussé en bois qui arpente ce qui deviendra la forêt urbaine.

Point de départ du projet participatif :

– L’ancien IHP devient l’ossature fédératrice : lieu de stockage, de réunion, lieu d’information du projet.

– Choix des essences.

– Les plantations dans le quartier démarrent en prenant soin de laisser des espaces de réserve aux endroits stratégiques ou spontanés.

Remplir les espaces de réserve :

– Choix des modules pour habiter les différentes interfaces comme la halle débordante, la guinguette, la clarière silencieuse ou le jardin des sens.

– Choix de systèmes constructifs simples et accessibles pour la construction participative.

Travaux de réaménagement de la voirie :

– Destruction du bitume en surface.

– Remise à niveau entre les plots d’habitation par des gradins.

– Installation du passage réhaussé qui arpentera ce qui sera la forêt urbaine.

Continuité du projet participatif :

– Les plantations dans le quartier se poursuivent, mettant en valeur de nouveaux espaces de réserve aux endroits stratégiques ou spontanés.

Remplir les espaces de réserve :

– Choix des modules pour habiter les différentes interfaces comme un air de récréation, ou encore les espaces potagers.

– On peut également imaginer une ouverture du CDI du collège sur l’extérieur pour permettre une appropriation par les résidents. Le lieu deviendrait la boîte à livres habitée.

Effacement de l’ossature fédératrice :

Au fur et à mesure que le projet
prend de l’ampleur, les usages
à l’intérieur se reportent sur
l’extérieur laissant alors l’ossature
se vider et s’ouvrir pour permettre
à la végétation de s’y accrocher
et de créer une continuité visuelle
entre les espaces.
Ce lieu deviendrait alors un
espace central manifeste,
illustrant cet envahissement de la
végétation en ville.

On peut imaginer que les
fragments de voile de la
déconstruction pourraient être
disposés le long de la balade
et devenir des petites fresques
urbaines.

Répétition du processus :

Une fois expérimenté et
maîtrisé par les habitants, on
peut imaginer le processus
se dupliquer et s’étendre par
exemple derrière les barres
d’immeubles. Il y a plusieurs
espaces aujourd’hui vacants
qui pourraient être habités
et les circulations douces y
sont pour l’instant totalement
délaissées. On pourrait imaginer
par exemple des espaces
de réserves avec des usages
sportifs.

Enfin le processus pourrait se
déployer ailleurs dans la ville,
le long des grands boulevards,
dans les espaces vacants, et
qui rejoignent et créent une
continuité entre les grands parcs
nantais.

La boite à livre habitée

L’ossature fédératrice

La halle débordante, la clairière et la guiguette

Des espaces potagers

L’ossature fédératrice

Le jardin des sens

Nous vous présentons le projet du vivant en progression en vidéo

ALLER PLUS LOIN…

Notre proposition n’est qu’une possibilité et d’autres projets ont été développés à l’occasion du concours sur les trois cadrans sélectionnés.